Avec 20 ans d’expérience dans le vaste domaine du Digital Learning, quelles innovations technologiques ont eu, selon vous, le plus d’impact ?

Elodie Primo : Aux prémices du Digital Learning, on trouve le LMS (Learning Management System) pour supporter l’e-learning asynchrone, puis, dans un second temps, le blended learning avec des activités synchrones (présentiel, classes virtuelles, coaching). Orienté « gestion de la formation », le LMS sert alors avant tout à créer, stocker, diffuser des formations et à fournir des indicateurs et des tableaux de bord. Vient ensuite le LXP (Learning Experience Platform) qui fait primer l’expérience utilisateur pour s’assurer qu’elle soit plus adaptée aux besoins et usages de l’apprenant. Le LXP facilite la communication et encourage le partage d’informations ; il intègre aussi des leviers de gamification qui ont révolutionné l’approche pédagogique, car la gamification est un élément de design qui renforce l’engagement apprenant. Avoir un objectif clair, une vue du chemin à parcourir, des niveaux, des récompenses et du feed-back, quelle meilleure façon de motiver l’avancement d'un apprenant dans son parcours de formation ? Post lancement de l’iPhone (2007), l’usage du smartphone s’est généralisé, faisant émerger le Mobile Learning, c'est-à-dire l’apprentissage sur smartphone. Cette approche a débouché sur des formats pédagogiques plus courts et interactifs, notamment pour soutenir l’ancrage mémoriel.

Le chemin parcouru ne s’est pas arrêté là !

Elodie Primo : En effet, l’Adaptive Learning s’est progressivement affirmé, en particulier via des algorithmes qui permettent d’éviter l’effet tunnel et d’individualiser l’expérience d’apprentissage en fonction du profil de l’apprenant, de son niveau d’expertise et compétences, de ses besoins, de sa progression… En parallèle, la réalité virtuelle a favorisé le développement de formations réalistes et immersives grâce à des environnements numériques qui plongent l’utilisateur dans une situation interactive semblable à celle qu’il pourrait vivre au quotidien. Quant à la réalité augmentée, elle permet de superposer du contenu généré par ordinateur dans la vue de l’apprenant. Et bien sûr, l’IA générative vient bousculer la production des contenus de formation en accélérant la rédaction des objectifs, la création des contenus et des quiz. Je pense aussi aux possibilités de Coach virtuel, sorte d’assistant personnel qui donne du feed-back.

Aujourd’hui, il semble qu’on ne puisse plus parler d’autre chose que de l’IA…

Elodie Primo : Le développement très rapide de l’IA, sa sophistication croissante soulève de nombreux risques et questions. D’ordre professionnel et éthique : confidentialité des échanges, utilisation de données sensibles, source et propriété des contenus… Quand on pense à ChatGPT (OpenAI), il importe de se demander qui nourrit la bête ! Et, ce qu’elle fait des données qu’on lui fournit. On sait que l’IA générative s’entraîne sur d’énormes volumes de données censées représenter la réalité. Cependant, la qualité de celles-ci, leur sélection, leur représentativité peuvent être source de discrimination algorithmique. Par ailleurs, le risque existe également de perdre l’essence pédagogique au profit de la technologie en s’écartant de vrais sujets métiers ou business. Les enjeux sont encore plus cruciaux dans la formation de l’entreprise étendue, notamment la formation des partenaires et des clients sur les produits et services de l’entreprise.

Justement, la performance du business ne passe-t-elle pas aussi par l’accessibilité de la formation à des populations nomades et des professionnels du terrain ?

Elodie Primo : Tout cadrage d’un dispositif de formation suppose de considérer les populations cibles ainsi que les conditions de réalisation de la formation, c'est-à-dire les équipements et les supports à disposition (ordinateur, tablette ou smartphone) et la connexion Internet. Dans un environnement où la connexion Internet est instable, sinon inaccessible, l’avantage de l’application mobile est de donner accès à du contenu hors-ligne qui peut être « consommé » lors des déplacements, entre deux rendez-vous, sur un chantier, ou dans le flux du travail, par exemple, pour se remémorer un processus à suivre. Les exemples sont nombreux. Je pense en particulier au transport aérien servi par MOS - MindOnSite : les PNC (personnel navigant commercial) et les pilotes se forment lors des vols commerciaux après avoir préalablement téléchargé les formations sur leurs tablettes pour les consulter en mode déconnecté. Quand une connexion est disponible, les données de suivi sont synchronisées avec le LMS. D’autres professionnels sont concernés dans les secteurs du transport, de la logistique, du BTP, de la santé, du tourisme, de l’immobilier ou de la restauration… Dans d’autres contextes, les conditions de connexion sur le site de travail peuvent fortement être réduites : plateformes offshores, entrepôts en sous-sol, ou tout simplement certaines salles de formation en plein centre-ville ! Lors de missions humanitaires, les membres des ONG peuvent aussi intervenir des contextes fortement dégradés (conflit armé, crise sociale, catastrophe naturelle) qui requiert un accès rapide à des ressources formatives en mode déconnecté.

Il s’agit aussi de donner la main aux experts pour les aider à transmettre plus facilement leurs connaissances ? 

Oui, car les professionnels du terrain souhaitent partager leur expertise. Une fonctionnalité de notre app mobile permet aux utilisateurs de télécharger, directement dans le LMS, des vidéos qu’ils ont enregistrées avec leur équipement, et qui contiennent souvent des connaissances pratiques et techniques de la situation réelle.​

Quant aux populations sans adresse e-mail ?

Nous proposons plusieurs solutions pour faciliter leur accès à la formation. Les informations peuvent être envoyées par mail à un référent qui transmet les accès. Pour ce faire, l’adresse e-mail du référent est enregistrée dans le profil utilisateur. Autre solution : le manager va procurer un login aux membres de son équipe via une interface personnalisée. Les détails avec le lien et les données de login peuvent aussi être envoyés via SMS pour un accès direct via un téléphone portable. Le phénomène du « BYOD » (Bring Your Own Device) incite les entreprises à autoriser, voire à encourager, les employés dans l’utilisation de leurs propres équipements informatiques dans le cadre de leur activité professionnelle ! Raisons invoquées : économies, motivation supplémentaire lorsqu’on utilise un outil personnel parfaitement maîtrisé. C’est aussi, et surtout, un moyen de former des personnes en mobilité et qui ne sont pas équipées de téléphones professionnels. 

Actualités MOS 

Elodie Primo co-interviendra le 12 décembre 2023 avec son client, les Services Industriels de Genève, à la Conférence 2023 des Lauréats du Digital Learning, ainsi que le 25 janvier 2024 à une live session du salon Learning Technologies à Paris Porte de Versailles, portant sur l’inclusion numérique : l’opportunité d’en savoir plus sur les solutions concrètes pour former les populations nomades et professionnels du terrain. Vous pourrez retrouver l’équipe de MOS – MindOnSite lors des deux jours du salon, mercredi 24 et jeudi 25 sur le stand O72. Prenez votre billet gratuitement dès maintenant.